Des hôtels égyptiens occupés à 30% en avril contre plus de 90% un an
plus tôt, un ministre tunisien qui parle d’année "désastreuse". Passées
les révoltes populaires, les vacanciers tardent à faire redécoller le
tourisme de ces pays, une de leurs principales ressources.
Deux mois après la fuite de l’ancien président Ben Ali et un mois après
le départ du pouvoir d’Hosni Moubarak, les tour-opérateurs européens
font leurs comptes.
TUI Allemagne parle de repli de 28% pour l’hiver et le printemps vers la
Tunisie et de -50% pour l’été. Vers l’Egypte, les reculs sont de 24%
pour l’hiver et le printemps, de 22% pour l’été.
Même constat chez son homologue britannique qui table sur un recul de
40% cette année de l’Egypte "même si les ventes se sont améliorées grâce
aux nombreuses promotions" proposées un peu partout en Europe.
Rien qu’en février, les tours-opérateurs français ont enregistré une
chute de l’activité de 74,3% sur la Tunisie et de 81,3% pour l’Egypte.
Un des principaux freins au rebond de la Tunisie, explique Antoine
Cachin, PDG de Fram, est dû à l’arrivée de réfugiés en provenance de
Libye.
"Les gens entendent à la télévision que les hôtels sont remplis de
réfugiés mais c’est faux !", assurent au contraire le personnel de
l’hôtel Isis de Djerba et celui des boutiques.
Quelques tour-opérateurs affirment ne pas avoir constaté de baisses
comme l’Italien Eden Viaggi ou le suédois Fritidsresor selon lequel la
demande n’est pas "dramatiquement différente de l’an dernier".
Pour les vacances de carnaval qui viennent de s’achever, la filiale belge de Thomas Cook non plus "n’a pas vu de différence".
Pour la majorité néanmoins, "les affaires repartent mais c’est un
processus graduel. Pâques devrait marquer le vrai tournant", avance
l’Italien Alpitour.
Le patron de Transat France (Transat, Look et Amplitravel) Patrice
Caradec parle d’une "reprise des ventes plus laborieuse que souhaité".
"On voit une éclaircie sur Djerba avec un rythme de réservations à peu
près 60% de l’an dernier, après être passé par 20%, 30%" etc.
Des voyagistes affirment qu’il est encore "trop tôt" pour se prononcer
sur l’année. "Il est bien possible qu’on rattrape les pertes" selon le
belge Jetair. Marmara, qui a lancé mercredi encore de nouvelles
promotions, compte finir à -20% sur la Tunisie.
Beaucoup tablent sur les ventes de dernière minute : "les Espagnols
réservent toujours très tard et encore plus en temps de crise", souligne
Ruperto Donat, le patron des agences de voyages espagnoles.
L’Espagne, avec les Canaries et les Baléares, fait partie des grandes
gagnantes des événements au Moyen-Orient. Mais il y a aussi la Grèce et
ses îles, la Turquie, autant de destinations qui ne compensent pas
entièrement le manque à gagner.
"Si on va réussir à compenser pour les vacances scolaires de Pâques, ce
ne sera pas le cas pour l’été car on n’a pas les stocks suffisants pour
absorber la demande. C’est pour cela qu’il faut absolument que la
Tunisie reparte", juge M. Caradec.
Le patron de Fram, content d’être un tour-opérateur "généraliste",
constate que l’avance sur les réservations annoncée en janvier était
"perdue". Amplitravel, qui ne vend que de la Tunisie, va vivre "une très
mauvaise année", résume M. Caradec.
Lui comme les autres espèrent aussi qu’une fois le plein fait dans les
destinations de substitution, les touristes se laisseront convaincre de
revenir en Tunisie, destination aux prix imbattables habituellement. A
commencer par ceux dont les budgets sont serrés.
Le ministre tunisien du Tourisme Mehdi Houas estime lui que l’année
touristique 2011 sera "désastreuse" et que si la baisse de fréquentation
atteint les 50%, "ce ne sera déjà pas si mal".
Source : AFP