Libye, la révolution en suspens

L'intervention militaire internationale va durer plus longtemps qu'on l'espérait. L'avenir de la révolution, et surtout celui des Libyens, est fragilisé. L'analyse d'Henri Guirchoun.

L’appel de l’Onu pour instaurer un cessez-le-feu à Misrata, cette grande ville de l'Ouest où les morts et les blessés se comptent par centaines après 40 jours de combats, n’est pas bon signe. Les critiques croissantes des insurgés à l’encontre de l’Otan, non plus. En Libye où, comme on devait s’y attendre, la victoire de l’insurrection est loin d’être acquise, l’intervention militaire internationale va durer plus longtemps qu’on l’espérait, notamment à Paris ou à Londres.

Prudentes, parfois même réalisées à contretemps, et sans efficace coordination avec le commandement rebelle, les frappes de l’Otan n’ont pas neutralisé l’armée de Tripoli. Plus grave, au contraire des insurgés dont les mouvements restent brouillons, les forces fidèles à Kadhafi ont su s’adapter en menant des attaques coup de poing moins discernables pour les avions de la coalition. La question essentielle de l’armement, de l’entraînement, et de l’encadrement des insurgés devient pressante. Mais elle n’est semble-t-il toujours pas réglée.

Agents

Sera-t-elle laissée à l’appréciation des agents des forces spéciales de la coalition, CIA et autres, déjà présents sur le terrain, comme l’ont confirmé plusieurs voix autorisées à Washington ? A des mercenaires ou à ces ex-soldats de carrière qui "pantouflent" dans les innombrables officines privées, comme on l’a vu en Irak et en Afghanistan ? Ou encore, aux rares pays arabes qui souhaiteraient œuvrer concrètement à la chute du régime ? Il y a urgence. A long terme, le temps ne joue peut-être pas en faveur de Khadafi et son carré de fidèles. Mais à court terme, l’impréparation des forces rebelles, les atermoiements de l’Otan et les désaccords de la coalition internationale fragilisent l’avenir de la révolution. Et surtout celui des Libyens.

Henri Guirchoun - Nouvelobs.com