Les pétrodollars libyens ont longtemps transité discrètement de par
le monde. Tout en étant toujours bien accueillis. Révolution arabe
oblige, les Occidentaux regardent aujourd'hui d'un autre œil les
milliards issus des exportations pétrolières du pays de Kadhafi. L'Union
européenne (UE) s'apprête à geler, vendredi, les avoirs du principal
fonds souverain libyen, la Libyan Investment Authority (LIA).
Le Royaume-Uni est déjà passé à l'acte, vendredi. Les Etats-Unis ont
bloqué quant à eux dès le 1er mars près de 30 milliards de dollars
appartenant indistinctement au clan Kadhafi, au LIA et à la Banque
centrale libyenne. Et pour cause: ses principaux dirigeants, Mohamed
Layas et Mustafa Zarti, font partie des cercles les plus proches de
Kadhafi. Le fonds serait même «la réserve personnelle du clan (…), le
bébé de Seif al-Islam», un des fils du «Guide» libyen, selon une source
interne au LIA citée par la britannique Radio 4.
«Bras politico-financier»
La très opaque Libyan Investment Authority (LIA) gérerait 75 milliards
de dollars (53,8 milliards d'euros). Additionné aux réserves de la
banque centrale de Libye, le pactole s'élèverait à 150 milliards de
dollars (107 milliards d'euros). Sa mission est double. Il fait d'abord
office de «bras politico-financier du gouvernement sur le plan national,
régional et international», comme l'explique Ub*******. Certains
investissements sont stratégiques, comme ses 5% dans la banque italienne
Unicredit.
Mais le Fonds doit, aussi, et surtout être très rentable. Il a pour
objectif de «contribuer à la diversification des revenus de la Nation et
réaliser les meilleurs retours sur investissement possibles tout en
minimisant les fluctuations de revenus», détaille un document de
présentation officiel. Où a-t-il investi? Difficile à dire. En 2009, la
filiale purement financière du Fonds, le Long-Term Investment Portfolio,
à savoir le portefeuille d'investissements à long terme, aurait investi
près de 7 milliards d'euros en Europe, dont 5 milliards en France,
selon un document publié en avril 2009 par Ub*******. Il se serait agi
notamment de prises de participations non stratégiques dans de grands
groupes du Cac 40 comme Alstom, EDF, Total, ou encore France Télécom,
d'après la même source.
1,2 milliard dans des banques françaises?
La LIA aurait également déposé 1,2 milliard d'euros à l'époque dans des
fonds gérés par des grandes banques françaises. Société générale et BNP
Paribas sont cités, mais aucun des deux établissements n'a souhaité
commenter l'information. Le Fonds aurait enfin été propriétaire du
prestigieux immeuble parisien de la FNAC Wagram, selon le document
d'Ub*******.
Ces chiffres, bien que vieux de deux ans, sont les plus précis
disponibles à ce jour. Pour plusieurs raisons. Les experts s'accordent à
dire que la LIA est un des fonds souverains les plus secrets au monde.
D'autre part, il est difficile de suivre les investissements annoncés.
«La LIA lançait beaucoup de projets et peu aboutissaient», note
Jean-Marc Puel, associé du fonds d'investissement Sagitel Ltd et
spécialiste du sujet. Enfin, ajoute-t-il, «le fonds libyen n'employait
pas les équipes les plus professionnelles du secteur.» Paradoxalement,
cela pourrait bien compliquer la tâche des limiers financiers qui
devront geler les avoirs du Fonds.
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Le monde arabe a plus besoin d’un vent de liberté que d’un parfum de paradis.